L'histoire du château
Le château « Qui qu’en grogne » de Moyen se dresse sur le bord d’un plateau, à 270 m d’altitude, il domine un méandre de la Mortagne. Construit sur un affleurement de calcaire coquillier, il présente une bonne protection naturelle sur son côté sud. Le site couvre un hectare et demi et est approximativement carré.
L’enceinte extérieure
La partie nord-est a disparu avec l’extension du village. Côté est, un vallon élargi par l’homme isole le château du plateau. Au sud et à l’ouest, la déclivité naturelle n’a pas nécessité de travaux de terrassement. L’enceinte se compose d’un mur d’une largeur d’environ 2 m. Dans l’angle nord subsiste un vestige de la porte cochère, qui donne accès à la basse-cour. Un bâtiment servant de poterne protège la muraille, là où elle change d’orientation pour suivre le relief. Le mur sud, long de 125 m, est flanqué en son milieu d’une tour semi-circulaire avec canonnières (5 m de diamètre et 5,20 m de haut). Les angles sud-est et sud-ouest sont assez bien conservés (hauteurs 7,40 m et 10,20 m), ils portent des ouvertures de tirs avec marques d’encoches pour une fermeture par des volets en bois. Un escalier dégradé permettait d’accéder au chemin de ronde. L’enceinte est construite d’un seul jet, son appareillage est régulier, un chaînage de gros blocs renforce les angles. Contre cette muraille vient s’appuyer une terrasse en terre large de 9 m, haute de 1 à 2 m par rapport au fossé intérieur. Le fossé sec est large de 15 m. Cette enceinte extérieure, si elle a été construite au milieu du XVème siècle, est une adaptation intéressante de l’architecture militaire aux débuts de l’artillerie.
Le château
La muraille extérieure est enveloppée par un mur d’escarpe bastionné qui soutient une large terrasse large de 6 à 8 m. L’ensemble constitue une fausse braie efficace contre les travaux de sape.
Le bâtiment nord : le Logis du châtelain
La diversité des styles que l’on peut observer est un élément de datation de la façade. La porte et les fenêtres du rez-de-chaussée notamment, avec linteaux et arcs trilobés, sont attribuées au milieu du XVème siècle lorsque le château a été construit. Les fenêtres à meneau des étages supérieurs sont du XVIème ou du XVIIème siècle, le bâtiment ayant subi des dégâts importants en 1587 a été en partie reconstruit. Ce corps de logis (long de 26 m, large de 7,25 m et haut de 10 m) s’appuie sur le mur de courtine nord épais de 2,25 m. Les murs donnant sur la cour ont 1 m d’épaisseur. Les ouvertures sont en grès rouge. Côté ouest, les vestiges d’une ancienne tour d’escalier (diamètre 2,20 m) sont encore visibles. Le sous-sol a quatre caves, trois d’entre elles communiquent avec la cour. Elles sont voûtées en anse de panier. L’une des caves débouche par un escalier en pierre dans une pièce du rez-de-chaussée.
La porte, en arc brisé mouluré, est surmontée d’un gâble décoré de deux culots. Le linteau présente un arc trilobé avec écu aux armoiries de l’évêque Conrad Bayer de Boppart, piquetées à la Révolution. La clef du gâble est surmontée d’une croix latine avec au-dessus encore une croix potencée sculptée, sur un ove enveloppé de trois plis. La cuisine possède deux poternes débouchant dans la fausse braie nord et une cheminée remaniée en arc. Au premier étage, chacune des trois pièces possède une cheminée de style Renaissance. Sur le linteau d’une porte, les armoiries de la Maison de Lorraine Anjou sont entourées d’un rameau d’olivier aujourd’hui disparu. Les fenêtres sont hétéroclites : une fenêtre à double arc, trois fenêtres à meneau et croisillon, deux fenêtres à traverse et une fenêtre sans caractère.
Les bâtiments est
Ils s’appuient sur une courtine haute de 10 m, avec des murs épais de 2,50 m, renforcée de trois tours. Il ne reste que l’amorce de la tour nord-est, elle présente des fissures inquiétantes qui s’élargissent. La tour du milieu, dite tour de la prison, est accessible à partir d’un hangar privé par un couloir large de 0,80 m et haut de 2,50 m. La salle est voûtée en cul-de-four, avec une hauteur de 7,20 m. Son diamètre intérieur est de 4,60 m et les murs sont épais de 2,10 m. Hormis la chapelle, les deux bâtiments sont aujourd’hui des propriétés privées avec accès interdit et ont subi des modifications non conformes à l’architecture initiale. Le bâtiment qui abrite une chapelle au deuxième étage, dont l’accès est assuré par un escalier en colimaçon, présente côté sud une grande fenêtre avec remplage gothique flamboyant. Un pendant de cette fenêtre est visible dans le hangar privé. La tour sud-est a un diamètre intérieur de 2,70 m et des murs de 2,50 m d’épaisseur.
Le bâtiment sud-ouest : le Palais de l'Évêque
Ce bâtiment a trois niveaux d’origine. La pente du toit a été modifiée. Au premier étage sont visibles, bien que partiellement murées, cinq fenêtres à meneau et une fenêtre gothique dont le remplage existe toujours. Un cul-de-lampe mouluré de style classique (fin XVIème, début XVIIème siècle) supportait un oriel partiellement reconstitué dans l’une des salles de la Maison seigneuriale. Une cave, sous la grande salle aujourd’hui à l’air libre, est couverte de deux voûtes en berceau plein cintre, reposant sur trois piliers en grès rouge reliés par deux arcs en anses de panier. La voûte est haute de 5,30 m. Quatre soupiraux éclairent la cave côté cour. Dans l’angle sud-ouest, une porte communique avec la partie basse de la grande tour d’angle (donjon), dont les fondations ont été dégagées.Au deuxième étage, cinq fenêtres à meneau ont été aussi murées entièrement ou partiellement. Le Palais épiscopal a bénéficié de travaux de consolidation en 1998. Une dalle provisoire a été coulée au-dessus de la cave, pour une étanchéité partielle. Une étude préalable à sa restauration a été menée par l’architecte en chef des monuments historiques Thierry Algrin en 1995. Depuis cette date, l’association a entrepris des travaux de protection pour mettre hors d’eau les parties supérieures et les éléments d’architecture menacés.